Spectatrices

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Les femmes au spectacle de l’Antiquité à nos jours

26-28 Septembre 2019

Au début du V e siècle à Athènes, le réveil des Erinyes dans Les Euménides d’Eschyle est réputé avoir provoqué
une telle terreur dans le public que les femmes enceintes firent des fausses couches. Lors des somptueuses fêtes
organisées à Ferrare en février 1499, un observateur évalue les spectateurs à plusieurs milliers, mais décompte
très précisément cent soixante-douze dames venues assister à la représentation du Trinummus de Plaute. En 2008
en France, 58% des spectateurs allant régulièrement au théâtre sont des femmes.


Ces quelques exemples suffisent à montrer que les femmes occupent une place – réelle ou symbolique – non
négligeable dans le public du spectacle vivant, tout au long de son histoire. Mais elles sont plus ou moins
visibles selon les époques et les contextes culturels. La présence minoritaire des femmes lors des représentations
données dans la Grèce antique est si peu attestée que sa réalité même fait débat.


La présence majoritaire des femmes parmi les spectateurs d’aujourd’hui passe largement inaperçue. Aux XVI e et
XVII e siècles, la multiplication des salles de théâtre comme lieux de loisir public, accessibles à toutes les
catégories de la société, rend plus sensible la participation des femmes à une expérience dont elle révèle les
enjeux politiques et sociaux. Les adversaires du théâtre mettent en garde contre les rencontres qu’il favorise et
les désirs illicites qu’il engendre, tandis que ses défenseurs soulignent sa fréquentation par les « honnêtes
femmes » comme une garantie de son utilité et de sa décence. Dans le même temps, la réception féminine joue
un rôle croissant dans les stratégies commerciales des auteurs, acteurs et éditeurs et influence la production
artistique, qui accorde un rôle majeur au motif amoureux et aux personnages féminins.