LE RYTHME AU CROISEMENT DES ARTS

LE RYTHME AU CROISEMENT DES ARTS

20-23 avril 2022
Abbaye de Royaumont

En tant que catégorie esthétique, le rythme traverse les arts, qu’il s’agisse de la musique, de la danse, du théâtre, du cinéma, des arts plastiques, de l’architecture…, tout en mettant à chaque fois en jeu un nouveau phénomène rythmique. Comme l’a bien montré Pierre Sauvanet, « les rythmes, comme les arts, se conjuguent au pluriel. Les rythmes en art sont toujours des polyrythmies » (P. Sauvanet (dir.), Les Rythmes en arts, Les cahiers d’ARTES n° 14, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2019).

À chaque art son rythme, et/ou ses rythmes (particulièrement au théâtre), soit une structure différente, une manière singulière de se construire et de se déployer dans l’espace et dans le temps, de se percevoir sous l’angle d’une expérience esthétique différente, jouant sur des registres différents du sensible, notamment en ce qui concerne ces deux dimensions majeures de la perception que sont la vue et l’ouïe.

Or, qu’en est-il lorsque le rythme se construit au croisement des arts ? Qu’une œuvre, ou que deux (plusieurs) œuvres qu’une même pratique artistique assemble, font se rencontrer des expériences rythmiques qui ne se structurent pas de la même manière, qui ne travaillent pas de semblable façon sur le spatial et le temporel, le regard et l’oreille, qui n’en appellent pas enfin aux mêmes gestes artistiques ni aux mêmes moyens, ni ne répondent aux mêmes enjeux esthétiques au plan du rythme?

Que se produit-il lorsque des rythmes se rencontrent, qui diffèrent pour partie ou totalement ? Y a-t-il choc, rupture, discordance ou bien un agencement est-il possible, et de quelle nature ? S’agit-il d’une libre combinatoire ou d’un dispositif davantage structuré? Qu’engage un tel déplacement ? Quels en sont les effets ?

Alors même qu’Henri Meschonnic, dans Critique du Rythme, pose pour acquis l’incompatibilité des unités pour la musique et pour le langage, est-il possible d’envisager un dépassement des propriétés rythmiques propres à chaque domaine artistique pour envisager une nouvelle dimension du rythme dans les arts, au-delà des frontières, clivages et autres particularismes ?

Peut-on alors parler, à propos du rythme en art, d’un nouveau « partage du sensible » (Rancière), accompli au sein d’une déstabilisation et d’un déséquilibre général des repères, encore augmentés par la montée en puissance de nouveaux outils et médias ainsi que par les opérations de recyclage, remontage, remixage, sampling des archives dans la création artistique aujourd’hui? Quelles sont les formes qui apparaissent ? Les nouvelles figures rythmiques ? Quels sont les nouveaux acteurs qui produisent les nouveaux rythmes de la forme ? Ces bouleversements engendrent-ils de nouvelles pensées du rythme ?